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garde des remparts faisaient un mauvais parti aux hommes de méchante mine qu’ils trouvaient près des portes et qu’ils soupçonnaient, sur les plus faibles indices, de faire des signes aux Armagnacs.

Le jeudi 8 septembre, les habitants de Paris se réveillèrent sans nulle crainte d’être attaqués avant le lendemain. En ce jour du 8 septembre, on célébrait la Nativité de la Sainte Vierge, et il était d’usage, dans les deux partis qui déchiraient le royaume, de garder les fêtes de Notre-Seigneur et de sa bienheureuse mère.

En ce saint jour, les Parisiens, au sortir de la messe, apprirent que, nonobstant la solennité de la fête, les Armagnacs étaient venus devant la porte Saint-Honoré et qu’ils avaient mis le feu au boulevard qui en défendait l’approche. Et l’on annonçait que les gens de messire Charles de Valois se tenaient, pour l’heure, avec le frère Richard et la Pucelle Jeanne, sur le marché aux Pourceaux. L’après-dîner, par toute la ville, des deux côtés des ponts, on entendait crier : « Sauve qui peut !