Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/107

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M. Tudesco mangea des cerises à l’eau-de-vie avec une grande élégance. Puis le garçon servit du dantzig dans deux petites coupes de verre. Jean admira cette liqueur blanche, semée de paillettes d’or, et M. Tudesco redemanda « deux dantzig ». Puis, soulevant sa coupe :

— « À la santé de M. Servien, votre vénérable père, dit-il. Il est vert et florissant, du moins je le souhaite ; c’est un homme supérieur à sa condition mécanique et mercantile par son caractère bienveillant pour les savants nécessiteux. Et madame votre tante ? Elle tricote encore des bas avec le même zèle. Du moins je le souhaite. C’est une dame austère. Je devine que vous voulez commander encore un dantzig, mon jeune ami. »

Jean regarda autour de lui : le débit de liqueurs était transfiguré ; les tonneaux lui semblaient énormes, avec leurs robinets qui étincelaient, et il les voyait pro-