Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/126

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faut lui rendre justice : elle élevait sévèrement sa fille et ne plaisantait pas sur le chapitre de la vertu. Cette pauvre Gabrielle doit encore aujourd’hui se sentir la joue chaude rien qu’à penser à ses années de Conservatoire ; car sa mère lui donnait alors, matin et soir, de belles gifles. Je la vois encore, Gabrielle, dans sa robe bleu céleste, courant à ses leçons en grignotant des grains de café. C’était une bonne fille.

— « Vous l’avez connue ! » s’écria Jean pour qui cette confidence était la plus grande aventure d’amour qu’il eût jamais eue.

Le vieillard répondit :

— « Nous avons fait autrefois avec elle, en compagnie d’artistes, de bonnes promenades à cheval et à âne dans les bois de Ville-d’Avray ; elle s’habillait en homme et je me rappelle qu’un jour… » Il acheva tout bas son récit, qui deve-