Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/128

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femmes qui la voyaient souvent passer dans la rue et des employés du théâtre qui s’approchaient d’elle les soirs de représentation. Pour le présent ceux-là seuls étaient ses rivaux. Quant au reste, félicités et tortures, il s’en reposait sur l’avenir, sur l’ineffable avenir. D’ailleurs la littérature romantique lui avait inspiré beaucoup d’estime pour les courtisanes, à condition qu’elles fussent accoudées mélancoliquement au balcon de leur palais de marbre.

Ce qui le choquait dans les récits de l’architecte bohème, ce qui blessait son amour sans l’affaiblir, c’est tout ce que ces récits supposaient de vie inélégante dans la jeunesse de l’actrice. La grossièreté lui répugnait plus que tout au monde.

M. Tudesco, certain qu’on lui payerait ses cerises à l’eau-de-vie, ne se donnait pas la peine de parler, et la conversation