Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/35

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naire, M. Tudesco lui offrit les siennes et l’obligea à les essayer ; elle les trouva à sa vue et en éprouva pour lui un peu de sympathie. L’Italien, profitant de cet avantage, entra en conversation et dit habilement du mal des riches. La bonne femme l’approuva. Il s’ensuivit un petit commerce de menus propos. Tudesco avait des remèdes contre la pituite. Cela aussi fut bien reçu. Il redoubla de câlineries, et la concierge, qui le voyait sourire sur le pas de la porte, dit à la tante Servien : « C’est votre amoureux. » La tante avait beau dire qu’à son âge on n’avait pas besoin d’amoureux, elle était flattée. M. Tudesco y gagna ce qu’il voulait, c’est-à-dire d’avoir, à chaque leçon, son verre rempli jusqu’au bord. On lui laissait même, par politesse, le litre quand il n’était qu’à moitié plein. Mais il avait le tort de le vider.

Il demanda un jour du fromage. « Ce