Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/67

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où il avait longtemps dormi heureux et aimé lui parut misérable. Il s’assit sur son lit et regarda avec une tristesse amère le bénitier de porcelaine dorée, l’estampe commémorative de sa première communion, la cuvette posée sur la commode et, dans les angles, des piles de cartons et de papiers vernis pour reliures.

Tout ce qui l’entourait lui semblait animé contre lui d’un esprit méchant et injuste. Il entendait de la pièce voisine son père qui ronflait. Il se le figura à son établi, avec son tablier de serge, tranquille, content. Quelle honte ! Et, pour la seconde fois dans un tour de cadran, il rougit de son père.

Ses songes furent pesants ; il rêva qu’il tournait indéfiniment dans des appareils compliqués, sans pouvoir éviter de toucher le genou de Mme Ewans, malgré la peur qu’il en avait.

Il vit aussi, dans un champ, d’innom-