Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/229

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» Vous vous en prenez à la peau, sans vous intéresser aux viscères, en quoi vous montrez, monsieur Rockstrong, peu de philosophie naturelle.

— Ainsi vous ne faites point de différence d’un État libre à un gouvernement tyrannique, et tout cela, mon gros abbé, c’est pour vous le cuir de la bête. Et vous ne voyez point que les dépenses du prince et les déprédations des ministres peuvent, en augmentant les tailles, ruiner l’agriculture et fatiguer le négoce.

— Monsieur Rockstrong, il n’y a jamais, dans un même âge, pour un même pays qu’un seul gouvernement possible, comme une bête ne peut avoir à la fois qu’un même pelage. D’où il résulte qu’il faut laisser au temps qui est galant homme, comme disait l’autre, le soin de changer les empires et de refaire les lois. Il y travaille avec une lenteur infatigable et clémente.

— Et vous ne pensez pas, mon gros abbé qu’il faille aider le vieillard qui figure sur