Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/244

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texte que pour les figures, à exciter les âmes à la débauche.

M. Blaizot répondit en rougissant qu’un tel soupçon était injuste, et le désolait, venant d’un honnête homme.

— Je dois, reprit le vieillard, vous dire qui je suis. Vous voyez devant vous M. Nicodème, président de la compagnie de la pudeur. Le but que je poursuis est de renchérir de délicatesse, à l’endroit de la modestie, sur les règlements de M. le lieutenant de police. Je m’emploie, avec l’aide d’une douzaine de conseillers au Parlement et de deux cents marguilliers des principales paroisses, à faire disparaître les nudités exposées dans les lieux publics, tels que places, boulevards, rues, ruelles, quais, impasses et jardins. Et non content d’établir la modestie sur la voie publique, je m’efforce de la faire régner jusque dans les salons, cabinets et chambres à coucher, d’où elle est trop souvent bannie. Sachez, monsieur, que la société que j’ai fondée fait faire des