Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/245

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trousseaux pour les jeunes mariés, où il se trouve des chemises amples et longues, avec un petit pertuis qui permet aux jeunes époux de procéder chastement à l’exécution du commandement de Dieu relatif à la croissance et à la multiplication. Et, pour mêler, si j’ose le dire, les grâces à l’austérité, ces ouvertures sont entourées de broderies agréables. Je me flatte d’avoir imaginé de la sorte des vêtements intimes extrêmement propres à faire de tous les nouveaux couples une autre Sarah et un autre Tobie, et à nettoyer le sacrement du mariage des impuretés qui y sont malheureusement attachées.

Mon bon maître, qui, le nez dans Cassiodore, écoutait ce discours, y répondit, le plus gravement du monde, du haut de son échelle, qu’il trouvait l’invention belle et louable, mais qu’il en concevait une autre plus excellente encore :

— Je voudrais, dit-il, que les jeunes époux, avant leur union, fussent frottés