Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/255

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Au moment qu’il parlait, nous vîmes en effet, assise au cul d’une charrette, entre des sergents à cheval, une assez belle fille, l’air étonné et la poitrine tendue par l’écart des bras liés sur le dos. Elle passa tout aussitôt, et pourtant j’aurai toujours dans les yeux l’image de cette figure blanche et de ce regard qui déjà ne voyait plus rien.

— Oui, messieurs, reprit le petit vieillard noir, c’est la servante de madame la conseillère Josse, qui, pour se faire brave chez Ramponneau, au côté de son amant, déroba à sa maîtresse une coiffe de point d’Alençon, et s’enfuit après avoir fait ce larcin. Elle fut prise dans un logis du Pont-au-Change, et tout d’abord elle avoua son crime. Aussi ne fut-elle soumise à la torture que pendant une heure ou deux. Ce que je vous dis, messieurs, je le sais, étant huissier de la chambre du Parlement où elle fut jugée.

Le petit vieillard noir entama une saucisse, qu’il ne fallait pas laisser refroidir ; puis il reprit :