Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/57

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clus qu’il est à peu près indifférent d’être gouverné d’une manière ou d’une autre, et que les ministres ne sont considérables que par leur habit et leur carrosse.

— Pouvez-vous parler ainsi, répondit M. Roman, au lendemain de la mort d’un ministre d’État qui eut tant de part aux affaires, et qui, après une longue disgrâce, expire dans le moment qu’il ressaisissait le pouvoir avec les honneurs ? Par le bruit qui poursuit son cercueil vous pouvez juger de l’effet de ses actes. Cet effet dure après lui.

— Monsieur, répondit mon bon maître, ce ministre fut honnête homme, laborieux, appliqué, et l’on peut dire de lui, comme de M. Vauban, qu’il eut trop de politesse pour en affecter les dehors, car il ne prit jamais soin de plaire à personne. Je le louerai surtout de s’être amélioré dans les affaires, au rebours de tant d’autres qui s’y gâtent. Il avait l’âme forte et un vif sentiment de la grandeur de son pays. Il est louable