Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/58

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encore d’avoir porté tranquillement sur ses larges épaules les haines des colporteurs et des petits marquis. Ses ennemis mêmes lui accordent une secrète estime. Mais qu’a-t-il fait, monsieur, de considérable, et par quoi vous apparaît-il autre chose que le jouet des vents qui soufflaient autour de lui ? Les jésuites qu’il a chassés sont revenus ; la petite guerre de religion qu’il avait allumée afin de divertir le peuple s’est éteinte, ne laissant après la fête que la carcasse puante d’un méchant feu d’artifice. Il eut, je vous l’accorde, le génie du divertissement ou plutôt des diversions. Son parti, qui n’était que celui de l’occasion et des expédients, n’avait pas attendu sa mort pour changer de nom et de chef sans changer de doctrine. Sa cabale resta fidèle à son maître et à elle-même en continuant d’obéir aux circonstances. Est-ce donc là une œuvre dont la grandeur étonne ?

— C’en est une admirable en effet, répondit M. Roman. Et ce ministre eût-il