Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/87

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maximes ! Oh ! monsieur l’abbé, que vous êtes peu amateur du bien public et que vous méritez mal la couronne de chêne promise par les poètes aux vaillants citoyens ! Il vous fallait naître chez les Tartares, chez les Turcs, esclave d’un Gengiskan ou d’un Bajazet, plutôt qu’en Europe où l’on enseigne les principes du droit public et de la philosophie. Quoi ! vous subissez un mauvais gouvernement sans l’envie même d’en changer ! De tels sentiments, dans une république de ma façon, seraient punis, pour le moins de l’exil et de la relégation. Oui, monsieur l’abbé, dans la constitution que je médite et qui sera réglée d’après les maximes de l’antiquité, j’ajouterai un article pour la punition des mauvais citoyens tels que vous. Et j’édicterai des châtiments contre quiconque, pouvant améliorer l’État, ne le fera pas.

— Eh ! eh ! dit l’abbé en riant, vous ne me donnez pas de la sorte l’envie d’habiter votre Salente. Ce que vous m’en faites con-