Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/89

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— Monsieur, reprit mon bon maître, je me défie des gouvernements que l’on conçoit dans la cabale et la mutinerie. L’opposition est une très mauvaise école de gouvernement, et les politiques avisés, qui se poussent par ce moyen aux affaires, ont grand soin de gouverner par des maximes tout à fait opposées à celles qu’ils professaient auparavant. Cela s’est vu en Chine et ailleurs. Les mêmes nécessités auxquelles étaient soumis leurs prédécesseurs les conduisent. Et ils n’apportent de nouveau que leur inexpérience. C’est une des raisons monsieur, qui me fait augurer qu’un gouvernement nouveau sera plus importun que celui qu’il remplacera sans être beaucoup différent. Ne l’avons-nous pas déjà éprouvé ?

— Ainsi, dit M. Jean Hibou, vous êtes pour les abus ?

— Vous l’avez dit, répondit mon bon maître. Les gouvernements sont comme les vins qui se dépouillent et s’adoucissent avec