rejeter de son sein les vingt-deux membres indignes.
Évariste Gamelin prit la plume et signa.
— Je savais bien, dit le magistrat artisan, que tu viendrais donner ton nom, citoyen Gamelin. Tu es un pur. Mais la section n’est pas chaude ; elle manque de vertu. J’ai proposé au Comité de surveillance de ne point délivrer de certificat de civisme à quiconque ne signerait pas la pétition.
— Je suis prêt à signer de mon sang, dit Gamelin, la proscription des traîtres fédéralistes. Ils ont voulu la mort de Marat : qu’ils périssent.
— Ce qui nous perd, répliqua Dupont aîné, c’est l’indifférentisme. Dans une section, qui contient neuf cents citoyens ayant droit de vote, il n’y en a pas cinquante qui viennent à l’assemblée. Hier, nous étions vingt-huit.
— Eh bien ! dit Gamelin, il faut obliger, sous peine d’amende, les citoyens à venir.
— Hé ! Hé ! fit le menuisier en fronçant le sourcil, s’ils venaient tous, les patriotes seraient en minorité… Citoyen Gamelin, veux-tu boire un verre de vin à la santé des bons sans-culottes ?…
Sur le mur de l’église, du côté de l’Évangile, on lisait ces mots, accompagnés d’une main noire dont l’index montrait le passage conduisant au cloître : Comité civil, Comité de surveillance,