Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/103

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bien servir la cité et mériter la couronne civique, laquelle est faicte de feuilles de chesne nouées par une bandelette de laine, sans plus, et honorable entre toutes couronnes, faut jecter cris furieux et discours très insanes, et que ceulx qui poussent la charrue, et ceulx-là qui faulchent et moissonnent, mènent paistre les trouppeaux et greffent leurs poiriers, en ce doux pays de vignes, de bleds, de vertes prairies et de jardins fruictiers, ne servent point la cité, ni ces compaignons qui taillent la pierre et bastissent en les villes et villaiges des maisons couvertes de tuile rouge et de fine ardoise, ni les tisserans, ni les verriers, ni les carriers qui œuvrent es entrailles de Cybèle, et que ne la servent point les doctes hommes qui labourent en leurs estudes clauses et librairies bien amples, à cognoistre beaux secrets de nature, ni les mères allaictans leurs nourrissons, ni ceste bonne vieille filant sa quenouille au coin du feu et faisant