Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/120

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lui une force qui devrait opérer des prodiges de bien ou de mal. Mais la peur de ce que les changements contiennent d’inconnu l’arrête, et le monstre tend le col au licou.

— Ces messieurs prendront peut-être une pêche au marasquin, dit le maître d’hôtel.

Sa voix était douce et persuasive, et ses regards vigilants parcouraient l’étendue des tables servies. Mais M. Bergeret ne lui fit point de réponse, il voyait venir sur le chemin sablé une dame coiffée d’un lampion Louis XIV en paille de riz tout fleuri de roses, et vêtue d’une robe de mousseline blanche, au corsage un peu flottant, serré à la taille par une ceinture rose. La ruche montante, qui lui enveloppait le cou, mettait comme une collerette d’ailes autour de sa tête de chérubin. M. Bergeret reconnut madame de Gromance, dont la rencontre charmante l’avait plus d’une fois troublé dans l’âpre monotonie des rues provinciales. Il vit qu’elle était accompagnée d’un jeune homme élé-