Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/126

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La baronne Jules de Bonmont, ayant passé le mois de juin à Montil, au bord de la Loire, traversait Paris pour se rendre à Gmunden. Sa maison étant close, elle alla dîner dans un restaurant du Bois avec son frère le baron Wallstein, M. et madame de Gromance, M. de Terremondre et le jeune Lacrisse, qui étaient comme elle de passage à Paris.

Appartenant tous à la bonne société, ils étaient tous nationalistes. Le baron Wallstein l’était autant que les autres. Juif autrichien, mis en fuite par les antisémites viennois, il s’était établi en France où il faisait les fonds d’un grand journal antisémite et se réfugiait dans l’amitié de l’Église et de l’Armée. M. de Terremondre, petit noble et petit propriétaire, montrait exactement ce qu’il fallait de passions militaristes et cléricales pour s’identifier à la haute aristocratie terrienne qu’il fréquentait. Les Gromance avaient trop d’intérêt au rétablissement de