Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/127

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la monarchie pour ne le pas désirer sincèrement. Leur situation pécuniaire était très embarrassée. Madame de Gromance, jolie, bien faite, libre de ses mouvements, se tirait encore d’affaire. Mais Gromance, qui n’était plus jeune et touchait à l’âge où l’on a besoin de sécurité, de bien-être, de considération, soupirait après des temps meilleurs et attendait impatiemment la venue du Roi. Il comptait bien être nommé pair de France par Philippe restauré. Il fondait ses droits à un fauteuil au Luxembourg sur son état de rallié et il se mettait au nombre de ces républicains de Monsieur Méline, que le Roi serait obligé de payer pour les avoir. Le jeune Lacrisse était secrétaire de la Jeunesse royaliste du département où la baronne avait des terres et les Gromance des dettes. Devant la petite table dressée sous le feuillage, à la lueur des bougies, autour des abat-jour roses sur lesquels volaient les papillons, ces cinq personnes se sentaient unies dans une