Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/171

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fini. « Parfaitement ! » avait répondu Joseph Lacrisse.

Deux semaines s’étaient écoulées depuis cette nuit généreuse, deux semaines durant lesquelles le secrétaire du Comité départemental de la Jeunesse royaliste avait partagé son temps entre les soins du complot et ceux de son amour. La baronne, en costume tailleur, le visage couvert d’une voilette de dentelle blanche, était venue, à l’heure dite, dans le petit premier d’une discrète maison de la rue Lord-Byron ; trois pièces qu’elle avait aménagées elle-même avec toutes les délicatesses du cœur et fait tendre de ce bleu céleste dont s’enveloppaient naguère ses amours oubliées avec Raoul Marcien. Elle y avait trouvé Joseph Lacrisse correct, fier et même un peu farouche, charmant, jeune, mais non point tout à fait tel qu’elle eût voulu. Il était d’humeur sombre et semblait inquiet. Les sourcils froncés, les lèvres minces et serrées, il lui eût rappelé Rara,