Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/190

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pour contrefaire des écritures, afin de perdre un innocent ; ou bien encore méditaient des travestissements burlesques pour des rendez-vous mystérieux avec le traître qu’il fallait sauver ?

» Ce qui, pour la foule, ôtait toute vraisemblance à ces crimes, c’est qu’ils ne sentaient point le grand air, la route matinale, le champ de manœuvres, le champ de bataille, mais qu’ils avaient une odeur de bureau, un goût de renfermé ; c’est qu’ils n’avaient pas l’air militaire. En effet, toutes les pratiques auxquelles on eut recours pour celer l’erreur judiciaire de 1899, toute cette paperasserie infâme, toute cette chicane ignoble et scélérate, pue le bureau, le sale bureau. Tout ce que les quatre murs de papier vert, la table de chêne, l’encrier de porcelaine entouré d’éponge, le couteau de buis, la carafe sur la cheminée, le cartonnier, le rond de cuir peuvent suggérer d’imaginations saugrenues et de pensées mauvaises à ces sédentaires, à ces