Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/189

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simple. Pour elle, l’armée c’était la parade, le défilé, la revue, les manœuvres, les uniformes, les bottes, les éperons, les épaulettes, les canons, les drapeaux. C’était aussi la conscription avec les rubans au chapeau et les litres de vin bleu, le quartier, l’exercice, la chambrée, la salle de police, la cantine. C’était encore l’imagerie nationale, les petits tableaux luisants de nos peintres militaires qui peignent des uniformes si frais et des batailles si propres. C’était enfin un symbole de force et de sécurité, d’honneur et de gloire. Ces chefs qui défilent à cheval, l’épée au poing, dans les éclairs de l’acier et les feux de l’or, au son des musiques, au bruit des tambours, comment croire que tantôt, enfermés dans une chambre, courbés sur une table, tête à tête avec des agents brûlés de la Préfecture de police, ils maniaient le grattoir, passaient la gomme ou semaient la sandaraque, effaçant ou mettant un nom sur une pièce, prenaient la plume