Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/2

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table qu’il concevait la grandeur et la bonté souveraines de M. Bergeret. Si toutes les choses de la nourriture lui étaient sensibles et précieuses, les choses de la nourriture humaine lui étaient augustes. Il vénérait la salle à manger comme un temple, la table comme un autel. Durant le repas, il gardait sa place aux pieds du maître, dans le silence et l’immobilité.

— C’est un petit poulet de grain, dit la vieille Angélique en posant le plat sur la table.

— Eh bien ! veuillez le découper, dit M. Bergeret, inhabile aux armes, et tout à fait incapable de faire œuvre d’écuyer tranchant.

— Je veux bien, dit Angélique ; mais ce n’est pas aux femmes, c’est aux messieurs à découper la volaille.

— Je ne sais pas découper.

— Monsieur devrait savoir.

Ces propos n’étaient point nouveaux ;