Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/245

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les hommes sont moins féroces quand ils sont moins misérables, que les progrès de l’industrie déterminent à la longue quelque adoucissement dans les mœurs, et je tiens d’un botaniste que l’aubépine transportée d’un terrain sec en un sol gras y change ses épines en fleurs.

— Vois-tu ? tu es optimiste, papa ! Je le savais bien, s’écria Pauline en s’arrêtant au milieu du trottoir pour fixer un moment sur son père le regard de ses yeux gris d’aube, pleins de lumière douce et de fraîcheur matinale. Tu es optimiste. Tu travailles de bon cœur à bâtir la maison future. C’est bien cela ! C’est beau de construire avec les hommes de bonne volonté la république nouvelle.

M. Bergeret sourit à cette parole d’espoir et à ces yeux d’aurore.

— Oui, dit-il, ce serait beau d’établir la société nouvelle, où chacun recevrait le prix de son travail.