Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/250

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la foudre docile, mise en bouteille et dévidée sur les innombrables fils qui couvrent la terre de leur réseau, l’électricité portera sa force, son aide, partout où il faudra, dans les maisons, dans les chambres, au foyer où le père et la mère et les enfants ne seront plus séparés. Ce n’est point un rêve. La machine farouche, qui broie dans l’usine les chairs et les âmes, deviendra domestique, intime et familière. Mais ce n’est rien, non ce n’est rien que les poulies, les engrenages, les bielles, les manivelles, les glissières, les volants s’humanisent, si les hommes gardent un cœur de fer.

» Nous attendons, nous appelons un changement plus merveilleux encore. Un jour viendra où le patron, s’élevant en beauté morale, deviendra un ouvrier parmi les ouvriers affranchis, où il n’y aura plus de salaire, mais échange de biens. La haute industrie, comme la vieille noblesse qu’elle remplace et qu’elle imite, fera sa nuit du