Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/262

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profond respect pour les Conseils de guerre, et chez l’un d’eux ce respect était mêlé d’attendrissement. L’ancien avoué Goby ne parlait qu’avec des larmes de la justice militaire. L’ancêtre, le républicain des âges héroïques, l’homme des grandes luttes, Laprat-Teulet, s’exprimait sur l’armée nationale en termes si tendres et si émus qu’on eût estimé, dans d’autres temps, qu’un tel langage s’appliquait mieux à une pauvre orpheline qu’à une institution forte de tant d’hommes et de tant de milliards. Ces quatre sénateurs avaient voté la loi de dessaisissement et exprimé, au Conseil général, le vœu que le gouvernement prît des mesures rigoureuses pour arrêter l’agitation revisionniste. C’étaient les dreyfusards du département. Et, comme il n’y en avait pas d’autres, ils étaient furieusement combattus par les nationalistes. On faisait un grief à Mannequin d’être le beau-frère d’un conseiller à la Cour de cassation. Quant à