Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/265

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faubourgs. On commençait à croire que la liste Brécé obtiendrait plus de deux cents voix et qu’elle pourrait passer. M. Worms-Clavelin n’était pas tranquille. Il fut tout à fait inquiet quand la Croix publia le manifeste des candidats nationalistes. Le Président de la République y était outragé, le Sénat traité de basse-cour et de porcherie, le cabinet qualifié de ministère de trahison. Si ces gens-là passent, je saute, pensa le préfet. Et il dit doucement à sa femme :

— Tu as eu tort, ma chère amie, de favoriser la diffusion de la Croix dans le département.

À quoi madame Worms-Clavélin répondit :

— Qu’est-ce que tu veux ? Comme juive, j’étais obligée d’exagérer les sentiments catholiques. Cela nous a beaucoup servi jusqu’ici.

— Sans doute, répliqua le préfet. Mais nous sommes peut-être allés un peu loin.

Le secrétaire de préfecture, M. Lacarelle,