Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/291

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et ils croient ce que dit leur journal. C’est là qu’éclate leur candeur. Car ce que dit leur journal n’est pas aisément croyable. Je vous atteste, imposteurs célèbres, faussaires de tous les temps, menteurs insignes, trompeurs illustres, artisans fameux de fictions, d’erreurs et d’illusions, vous dont les fraudes vénérables ont enrichi la littérature profane et la littérature sacrée de tant de livres supposés, auteurs des ouvrages apocryphes grecs, latins, hébraïques, syriaques et chaldaïques, qui ont abusé si longtemps les ignorants et les doctes, faux Pythagore, faux Hermès-Trismégiste, faux Sanchoniathon, rédacteurs fallacieux des poésies orphiques et des Livres sibyllins, faux Enoch, faux Esdras, pseudo-Clément et pseudo-Timothée ; et vous seigneurs abbés qui, pour vous assurer la possession de vos terres et de vos privilèges, forgeâtes sous le règne de Louis IX, des chartes de Clotaire et de Dagobert ; et vous, docteurs en droit canon,