Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et pour les honnêtes gens, répondit Lacrisse.

Il ajouta avec une bienveillance pleine de dignité :

— Je vous remercie, monsieur Bonnaud, et je vous prie de remercier en mon nom nos vaillants amis.

Puis, se tournant vers Henri Léon, qui se tenait à son côté :

— Léon, lui dit-il à l’oreille, rendez-moi un service, je vous prie : télégraphiez tout de suite à Monseigneur notre succès.

Cependant des cris partaient de la rue joyeuse :

— Vive Déroulède ! vive l’Armée ! vive la République ! À bas les traîtres ! à bas les juifs !

Lacrisse se jeta en voiture au milieu des acclamations. La foule barrait la rue. Le baron israélite Golsberg se tenait à la portière. Il saisit la main du nouveau conseiller municipal.

— J’ai voté pour vous, monsieur Lacrisse.