Vous entendez, j’ai voté pour vous. Parce que, je vais vous dire, l’antisémitisme, c’est une blague — je le sais bien, et vous le savez comme moi — une pure blague, tandis que le socialisme, c’est sérieux.
— Oui, oui. Adieu ! monsieur Golsberg.
Mais le baron ne le lâchait point.
— Le socialisme, c’est le danger. M. Raimondin faisait des concessions aux collectivistes. C’est pourquoi j’ai voté pour vous, monsieur Lacrisse.
Cependant la foule criait :
— Vive Déroulède ! Vive l’Armée ! À bas les dreyfusards ! À bas Raimondin ! Mort aux juifs !
Le cocher parvint à fendre le flot des électeurs.
Joseph Lacrisse trouva madame de Bonmont chez elle, seule, émue, triomphante.
Elle savait déjà.
— Élu ! lui dit-elle, le regard au ciel et les bras ouverts.