Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/376

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de Paris en France, insigne et plus ample que ne furent jamais les foires d’Aix-la-Chapelle et de Francfort, ni le Lendit, ni la belle foire de Beaucaire. Estoit ladite foire de Paris si copieuse et abondante en marchandises, ouvrages d’art et gentilles inventions, que un preu’d’homme nommé Cornely, qui avait jà beaucoup veu et n’estoit point badau, souloit dire qu’à la veüe, pratique et contemplation d’icelle, il perdoit le souci de son salut éternel et mêmement le boire et le manger. Les peuples estranges se pressoient dans la ville des Parisiens pour y prendre plaisir et y faire dépense. Rois et roitelets y venoient à l’envi, dont se rengorgeoient cocquebins et galloises, disant : « Ce nous est grand honneur. » Les marchands, du plus gros au moindre, Tout-profict et Gaigne-petit, les gens de métiers et industries, entendoient bien vendre force marchandises aux estrangiers venus en leur ville