Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour la foire. Les camelots et colporteurs déballoient toute la balle, les traicteurs et cabaretiers dressoient tables, et la ville entière estoit vrayment d’un bout à l’autre abondant marché et joyeux refectoire. Faut dire que les dicts marchands, non tous, mais la plus part, avaient goust des Trublions, que ils admiroient pour la grande force de gueule et les grands tours de bras d’iceulx, et n’estoit point jusqu’aux négocians et banquiers marranes qui ne les reguardassent avec respect et desir bien humble de n’estre point maltraités par eulx.

» Les amoient donc les gens de metier et marchands, mais amoient aussi naturellement leurs marchandises et gaigne-pain, et vinrent à craindre que par vives saillies, irruptions soubdaines, ruades, pétarades et trublionnades, ne culbutassent leurs étals et menses ès quarrefours, jardins et boullevarts, et que aussi les dicts Trublions, par occisions furieuses et rapides, ne effrayassent