Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/391

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— La police, dit madame de Bonmont, ne devrait pas permettre de pareils cris…

— Quand les socialistes ont crié : « Vive la République ! Vivent les soldats ! » nous avons répondu : « Vive l’armée ! mort aux juifs ! » Les « œillets blancs », que j’avais dissimulés dans les massifs, ont rallié à mon cri. Ils ont chargé les « églantines rouges » sous une pluie de chaises de fer. Ils étaient superbes. Mais que voulez-vous ? La foule n’a pas rendu. Les Parisiens étaient venus avec femmes, enfants, paniers, filets de ménagère pleins de nourriture… et les parents de province arrivés pour voir l’Exposition… de vieux cultivateurs, les jambes raides, qui nous regardaient avec des yeux de poisson… et les paysannes en fichu, méfiantes comme des chouettes. Comment vouliez-vous soulever ces familles ?

— Sans doute, dit Lacrisse, le moment était mal choisi. D’ailleurs, nous devons