Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/54

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pas que cela se faisait dans les guerres. Je n’objectai rien, et je demeurai couvert de confusion. Ma honte était redoublée par la magnanimité du cousin Paul qui disait en pleurant : « Je ne me suis pas fait de mal. »

» Le beau salon de nos parents ! soupira M. Bergeret. Sous cette tenture neuve, je le retrouve peu à peu. Que son vilain papier vert à ramages était aimable ! Comme ses affreux rideaux de reps lie de vin répandaient une ombre douce et gardaient une chaleur heureuse ! Sur la cheminée, du haut de la pendule, Spartacus, les bras croisés, jetait un regard indigné. Ses chaînes, que je tirais par désœuvrement, me restèrent un jour dans la main. Le beau salon ! Maman nous y appelait parfois, quand elle recevait de vieux amis. Nous y venions embrasser mademoiselle Lalouette. Elle avait plus de quatre-vingts ans. Ses joues étaient couvertes de terre et de mousse. Une barbe