Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/60

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charades. Nous vidions tes armoires, Zoé, pour nous faire des costumes.

— Un jour, vous avez décroché les rideaux blancs de mon lit.

— C’était pour faire les robes des druides, Zoé, dans la scène du gui. Le mot était guimauve. Nous excellions dans la charade. Et quel bon spectateur faisait notre père ! Il n’écoutait pas, mais il souriait. Je crois que j’aurais très bien joué. Mais les grands m’étouffaient. Ils voulaient toujours parler.

— Ne te fais pas d’illusions, Lucien. Tu étais incapable de tenir ton rôle dans une charade. Tu n’as pas de présence d’esprit. Je suis la première à te reconnaître de l’intelligence et du talent. Mais tu n’es pas improvisateur. Et il ne faut pas te tirer de tes livres et de tes papiers.

— Je me rends justice, Zoé, et je sais que je n’ai pas d’éloquence. Mais quand Jules Guinaut et l’oncle Maurice jouaient avec nous, on ne pouvait pas placer un mot.