Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/84

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tice et de liberté. Ils ne se rangeaient pas alors dans le parti du mensonge, de l’injustice et de la tyrannie.

» L’Empire détruisit la Pépinière. Ce fut une mauvaise œuvre. Les choses ont leur âme. Avec ce jardin périrent les nobles pensées des jeunes hommes. Que de beaux rêves, que de vastes espérances ont été formés devant la Velléda romantique de Maindron ! Nos étudiants ont aujourd’hui des palais, avec le buste du Président de la République sur la cheminée de la salle d’honneur. Qui leur rendra les allées sinueuses de la Pépinière, où ils s’entretenaient des moyens d’établir la paix, le bonheur et la liberté du monde ? Qui leur rendra le jardin où ils répétaient, dans l’air joyeux, au chant des oiseaux, les paroles généreuses de leurs maîtres Quinet et Michelet ?

— Sans doute, dit mademoiselle Bergeret ; ils étaient pleins d’ardeur, ces étudiants d’autrefois. Mais enfin ils sont devenus des