Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tour carrée. Ce sera en famille. Et sans cérémonie. »

J’acceptai avec beaucoup de reconnaissance.

Le lendemain, à six heures, je trouvai M. Planchonnet dans son salon, avec deux ou trois enfants sur les genoux et d’autres sur les épaules. Il en avait jusque dans ses poches. Ils l’appelaient papa et le tiraient par la barbe. Il portait une redingote neuve, du linge blanc, et sentait la lavande.

Une femme entra, blanche et frêle, un peu fanée, mais agréable avec ses cheveux d’or pâle et ses yeux de pervenche, gracieuse malgré sa taille défaite.

« C’est Mme Planchonnet », me dit-il.

Les enfants (je reconnus qu’il n’y en avait que six) étaient gros et rudes, chargés en couleur, beaux d’une certaine façon. Leurs jambes et leurs bras nus formaient autour de leur père colossal un emmêlement de chairs fraîches, et leurs yeux farouches me regardaient tous à la fois.

Mme Planchonnet s’excusa de leur impolitesse.

« Nous ne restons pas longtemps dans le même endroit ; ils n’ont le temps de connaître