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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/122

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de l’intérêt et surtout de la confiance. Je lui contai ma vie ; je lui fis part de mes espérances et de mes rêves.

Il cessa de fumer. Je parlai encore. Enfin, m’étant aperçu qu’il sommeillait, je me levai, lui souhaitai le bonsoir et lui exprimai le désir de présenter mes hommages à Mme Planchonnet. Il me fit entendre que je ne pourrais le faire, parce qu’elle était couchée. J’en fus aux regrets et cherchai mon chapeau, que j’eus grand-peine à trouver. Planchonnet me reconduisit avec une lampe jusqu’au palier et me donna, sur la manière de tenir la rampe et de descendre les marches, des conseils qu’on ne donne pas d’ordinaire. Mais l’escalier était apparemment un difficile escalier, car j’y trébuchai dès les premiers degrés. Tandis que je descendais, Planchonnet, penché sur la rampe, me demanda si je retrouverais bien la maison de ma tante. Cette question m’offensa. Je promis de la trouver sans peine ; en quoi je m’engageais beaucoup trop, car je passai une partie de la nuit à la chercher. Pendant cette recherche, je m’impatientais de la maladresse avec laquelle on met parfois les deux pieds dans les ruisseaux. Cependant, je roulais vainement dans ma tête