Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/165

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égalent en nombre les étoiles, et garnies de tapis épais, de sièges profonds, de coussins moelleux. Là, ils boivent des liqueurs fermentées, échangent des propos joyeux et se livrent avec ces femmes à des danses rapides, auxquelles j’ai plusieurs fois assisté. Puis, le moment venu, ils assouvissent leurs désirs charnels avec une grande fureur, soit après avoir éteint les lumières, soit en disposant des tapisseries d’une manière favorable à leurs desseins. Et ainsi chacun jouit de celle qu’il préfère ou qui lui est assignée. J’affirme qu’il en est ainsi. Non que je l’aie vu de mes yeux, mon guide m’ayant toujours fait sortir des salons avant l’orgie, mais parce qu’il serait absurde et contraire à toute possibilité que les choses préparées comme j’ai dit eussent une autre issue. »

« Cette réflexion de Djeber-ben-Hamsa me parut assez intéressante. Je la communiquai à la femme d’un des mes confrères de l’Institut, la belle Mme  ***. Comme elle ne paraissait pas s’en émouvoir beaucoup, je la pressai d’y répondre et crus l’embarrasser en lui disant : « Enfin, Madame, pourquoi, comme le remarque mon Arabe, parfumez-vous vos épaules nues, pour-