Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/164

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Après six semaines de fêtes, il nous quitta pour visiter le reste de l’Europe.

« Je ne songeais plus guère à lui quand, cinq ou six ans plus tard, je reçus une relation de son voyage qu’il m’avait fait l’honneur de m’envoyer de Mascate. Le livre imprimé en caractères arabes sortait des presses de Wilson and Son, imprimeurs à Aden. Je le feuilletai assez négligemment, pensant n’y rien trouver de substantiel. Un chapitre pourtant attira mon attention. Il avait pour titre : « Des bals et des danses ». Je le lus et j’y découvris un passage assez curieux dont je vais vous rendre le sens très exactement. Djeber-ben-Hamsa y disait :

« C’est une coutume chez les Occidentaux et particulièrement chez les Francs de donner ce qu’ils appellent des bals. Voici en quoi consiste cette coutume. Après avoir rendu leurs femmes et leurs filles aussi désirables que possible en leur découvrant les bras et les épaules, en parfumant leurs cheveux, leurs habits, en répandant une poudre fine sur leur chair, en les chargeant de fleurs et de joyaux et en les instruisant à sourire sans en avoir envie, ils se rendent avec elles dans des salles vastes et chaudes, éclairées de bougies qui