Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/180

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Je vois de ma fenêtre l’étang, les bois et le château. Il y a, à cent pas de moi, un joli bouquet de hêtres qui chantent au moindre vent. Le soleil qui les baigne répand sur le sentier des gouttes de lumière. On trouve des framboises dans ces bois, mais il faut savoir les chercher ; le framboisier sauvage, aux feuilles vertes d’un côté et blanches de l’autre, se cache au bord des chaudes clairières.

Il est aux bois des fleurs sauvages que je préfère aux fleurs cultivées ; elles ont des formes plus fines et des senteurs plus douces ; et leurs noms sont jolis. Elles ne portent point, comme les roses de nos jardiniers, des noms de généraux. Elles se nomment : bouton-d’argent, ciste, coronille, germandrée, jacinthe des champs, miroir-de-Vénus, cheveux-d’évêque, gants-de-notre-dame, sceau-de-Salomon, peigne-de-Vénus, oreille-d’ours, pied-d’alouette.

À ma gauche se dresse la grande figure de pierre du château de Pierrefonds. À vrai dire, le château de Pierrefonds n’est aujourd’hui qu’un énorme joujou. Il était en sa nouveauté « moult fort deffensable et bien garny et remply de toutes choses appartenant à la guerre ». Pour son malheur, l’odieuse poudre à canon