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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/195

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barbare. Il est dans le vieux Vernon, proche la collégiale, devenue aujourd’hui l’église paroissiale, une petite rue déserte qui conduit à la Seine. Elle est bordée de pauvres maisonnettes penchantes qui se soutiennent à grand-peine les unes les autres. Au milieu de ces masures s’élève une maison de pierre qu’on dit avoir été jadis habitée par le contrôleur clerc d’eau.

Elle a deux fenêtres et une porte. Au-dessus de la porte, un humble sculpteur qui vivait au temps du roi Henri IV ou du roi Louis XIII, a figuré, sous une sorte de dais, une barque montée par deux personnages. L’un a pour insignes la crosse et la mitre. Je n’hésite pas à reconnaitre en lui Hugues, archevêque de Rouen en 1130. L’autre, dont les cheveux flottent sur les épaules, est saint Adjutor lui-même. Une troisième figure a péri par l’injure du temps : c’était celle d’un pauvre batelier qui conduisait l’évêque et le saint. Tous les mariniers du pays vous expliqueront couramment le sujet de ce bas-relief. Ils n’ont point oublié en effet que saint Adjutor, accompagné de l’évêque Hugues, s’en alla combler un gouffre creusé dans le lit de la rivière, devant le prieuré de la Madeleine. Au-dessus de ce gouffre, les