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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/221

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qui se trouvent encore en grand nombre dans la terre sur le rivage de l’océan, de la Somme à la Loire. Elles sont parfois géminées, et deux mères sont assises côte à côte, tenant chacune un enfant. Parfois, il n’y a qu’une Mère, et les paysans qui la découvrent en labourant leur champ la prennent pour la Vierge Marie. Mais c’est une idole des païens.

Saint Valery fut irrité à cette vue et pensa en son cœur :

« Des démons pendent comme des fruits pernicieux aux rameaux de cet arbre. »

Puis il leva la cognée qu’il portait à sa ceinture et, avec l’aide du moine Valdolène, son compagnon, il renversa l’arbre avec les images saintes qu’il abritait sous son feuillage. Quand les gens du pays virent couché sur le sol l’arbre-dieu avec la multitude des offrandes et la sève saignant sur le tronc mutilé, ils furent saisis de douleur et d’effroi. Et lorsque saint Valery leur cria : « C’est moi qui ai renversé l’arbre que vous adoriez faussement, » ils se jetèrent sur lui et le menacèrent de l’abattre comme il avait abattu le dôme verdoyant.

Alors l’apôtre étendit les deux bras et dit :