Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/222

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« Si Dieu veut que je meure, que sa volonté soit faite. »

Et soit que ces hommes sentissent en lui quelque chose de divin, soit pour tout autre raison, ils le laissèrent aller.

Mais il voulut rester avec eux pour les instruire dans l’Évangile. Il était juste aussi qu’il leur donnât un Dieu en échange de ceux qu’il leur avait ôté, car ceux qui détruisent l’espérance dans les âmes sont cruels. Puis, sa pieuse conquête étant achevée, Valery retourna à la solitude qu’il avait choisie.

Les travaux de son apostolat étaient souvent pénibles. Un jour, dit son biographe, que cet ami de Dieu revenait à pied d’un lieu dit Cayeux à son monastère dans la saison d’hiver, il arriva qu’à cause de l’excessive rigueur du froid il s’arrêta pour se chauffer dans la maison d’un certain prêtre. Celui-ci et ses compagnons, qui auraient dû traiter avec un grand respect un tel hôte, commencèrent au contraire à tenir audacieusement, avec le juge du lieu, des propos inconvenants et déshonnêtes. Fidèle à sa coutume de poser toujours sur les plaies corrompues et hideuses le salutaire remède et la parole divine, il essaya de les réprimer, disant :