Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/223

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« Mes fils, n’avez-vous pas vu dans l’Évangile qu’au jour du jugement, vous aurez à répondre de toute parole vaine ? »

Mais eux, méprisant son avertissement, s’abandonnèrent de plus en plus à des propos grossiers et impudiques. Pour lors, secouant la poussière de ses souliers, il dit :

« J’ai voulu, à cause du froid, chauffer un peu à votre feu mon corps fatigué. Mais vos coupables discours me forcent à m’éloigner tout glacé encore. »

Et il sortit de la maison.

Ce récit semblera peut-être insipide à distance. Ici, dans la terre où il est né, et dont il a gardé le goût, je le trouve plein de saveur et j’en goûte avec plaisir le parfum sauvage.

En l’an 622, un jour du mois de décembre, Gualaric, appelé aussi Valery, plein d’œuvres et de jours, se leva avant matines de dessus son lit de feuilles sèches et conduisit ses disciples jusqu’à l’orme entouré de ronces au pied duquel il avait coutume de faire ses prières ; là, plantant deux bâtons dans la terre, il marqua une place de la longueur de son corps, et dit :

« Lorsque, par volonté de Dieu, je sortirai