Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/239

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guerres, la baie était une source de biens. À cette époque où la navigation naissante, déjà hardie, grâce à la découverte de la boussole, et le commerce dans son premier essor, faisaient affluer la richesse sur nos côtes, on pouvait dire que la mer était d’or. Devenus riches, les habitants de Saint-Valery eurent hâte de jouir, et ils étalèrent un luxe inconnu aux braves gens qui avaient défendu jadis leur forteresse contre les Anglais. Les dames portèrent des étoffes et des fourrures venues des Indes ou de l’Amérique, des soies, des laines magnifiques. Ainsi parées, on les trouva plus jolies. On les aima beaucoup ; elles se laissèrent aimer. Aussi les mœurs devinrent très relâchées dans cette ville aujourd’hui simple, rude et modeste. C’est pourquoi la municipalité rendit en 1533 l’ordonnance suivante dont le lecteur entendra sans trop de peine, je le crois, le vieux français, encore qu’un peu picard.

Je reproduis fidèlement le texte original, tel que je le lis sur le registre qui m’a été gracieusement communiqué :

« Considérant la justice tant ecclésiastique que temporelle, que Nostre Seigneur Jésucrist est journellement offensé en ceste paroisse de