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lieues au nord, en terre de Picardie, on trouve Notre-Dame-de Liesse, qui fut dans l’ancienne France un lieu de pèlerinage très fréquenté.

Belleforest dit au premier tome de sa Cosmographie, publiée en 1575 :

« Non loin de Laon est cette place tant renommée de Lyance ou Lyesse pour le temple sacré de la glorieuse mère de notre Dieu, la Vierge Marie, le pèlerinage ancien de nos rois, et où Dieu fait de grands miracles pour l’amour et par les mérites de celle qu’il a choisie pour sa mère. »

On suit, pour aller d’ici à Liesse, une route crayeuse qui traverse une plaine sèche, semée de vieux moulins à vent aux ailes décharnées, et coupée çà et là par des bouquets de bouleaux. Le vent courbe l’avoine naine. Tandis que le cocher me montre du bout de son fouet l’horizon plat et triste, et me conte l’histoire du meunier qui s’est pendu dans son moulin et du percepteur assassiné sur la route, nous voyons à notre gauche, à travers un rideau d’arbres, le château de Marchais, bâti sous Charles IX par le cardinal de Lorraine. Encore deux kilomètres à peine, et nous rencontrons, sur notre droite, les trois ormes qui ombragent une petite cha-