Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/285

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de sa vie terrestre. Chaque fois qu’il y songeait, on voyait s’éteindre le sourire de ses lèvres et le vermillon de ses joues.

Le chanoine Trévoux quitta ce monde à quelque temps de là, laissant une histoire des saints de Bretagne qui atteste la pureté de son âme et la simplicité de son esprit. C’est un livre que je m’accuse de n’avoir pas assez lu. Dès mon retour à Paris, je me promets bien, si je parviens à mettre la main sur un bon exemplaire de cet ouvrage, d’y chercher l’histoire de saint Collédoc dont la chapelle, déjà loin derrière nous, ne laisse plus voir à l’horizon que son clocher de dentelle, plein de ciel bleu. Saint Collidor ou Collédoc était évêque de Cambrie, quand il vint du pays de Galles en Armorique. Probablement il traversa l’Océan dans une auge de pierre, car tel était alors l’usage des saints de la Grande-Bretagne. Ayant abordé à Plogoff, il se fit ermite dans la lande, et, là, parmi les œillets sauvages, les rosiers nains et les petites immortelles qui fleurissent au ras du sol, sous le ciel chargé de nuages pareils aux visions des Écritures et sillonné par le vol des oiseaux de mer dont quelques-uns sont les âmes des trépassés, il louait le Seigneur, se livrait à la