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Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/312

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position se lisait sur son visage. C’était un homme de bonne volonté ; c’est pourquoi il eut la paix sur la terre. J’espère qu’il l’a présentement dans le ciel. Il est doux de croire que saint Cornély est précisément le pape Corneille ; mais il faut reconnaître qu’en Bretagne il est devenu très Breton. Il a pris l’esprit et les mœurs des paysans de Carnac, qui l’ont choisi pour leur patron et leur intercesseur auprès de Dieu. Il a oublié le farouche Novatien qui troubla si cruellement son pontificat. Je l’ai vu tantôt sur une des portes de son église paroissiale. Il y est sculpté et peint, dans ses habits pontificaux, entre deux bœufs qui tournent vers lui leur mufle obéissant. C’est un saint tout à fait approprié à un pays de pâturages. Sa fête tombe le 13 septembre, et, ce que n’eût point dit M. Trévoux, cette date coïncidant avec l’équinoxe d’automne, la fête du saint a dû se substituer à quelque féerie agricole des païens. Il n’est pas douteux que le nom même de saint Cornély n’ait prédestiné le saint de Carnac à remplacer l’antique divinité tutélaire des bêtes à cornes. Je regrette de ne pouvoir rester à Carnac jusqu’à ce jour-là. Car c’est un beau pardon. Des pèlerins y viennent de