Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/313

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toute la Bretagne pour baiser dévotement les os du saint renfermés dans un chef d’or tout brillant de pierreries. Puis, le chapeau sous le bras et le chapelet à la main, ils se rendent en procession à la fontaine qui élève près de l’église, sur quatre arches, son pyramidion surmonté d’une boule et d’une croix. Là, s’étant agenouillés, ils goûtent l’eau que des mendiants leur présentent dans une cruche, en mouillant leur visage et leurs mains, qu’ils élèvent ensuite au-dessus de leur tête, et, ayant accompli ces rites antiques, ils retournent à l’église pour déposer leur offrande devant le protecteur des bestiaux.

On répand aussi l’eau de cette fontaine sur la tête des bœufs qui ont été guéris par l’intercession de saint Cornély. Ce saint est à ce point favorable aux troupeaux, qu’on lui amène parfois, la nuit, des bœufs en procession. Comme le dieu rustique dont il a pris la place, il reçoit des victimes ; on lui offre des vaches, mais on ne les immole pas. Elles sont vendues au profit de l’église. La fabrique vend aussi les attaches qui ont servi à conduire les victimes à l’autel ; et c’est une croyance que les bestiaux mis à l’attache avec ces cordes ne périssent point de maladie. Aussi bien fallait-il à ces bou-